En informatique comme en cuisine, il est parfois dangereux d’en faire trop.
Une seconde, laissez nous vérifier quelque chose… Ah, voilà ! C’est l’introduction de la semaine dernière, celle de l’article concernant MySQL et ses corruptions !
Quelqu’un nous aura mélangé nos fiches… Heureusement que nous sommes vigilants.
D’un autre côté, l’article de cette semaine portant également sur un outil, la confusion tombe bien.
En cette époque où multi-taskings, over-bookings et burn-outings sont monnaies courantes, la question d’une bonne gestion de son temps se pose avec la vigueur d’une pile d’agendas vous tombant par surprise sur les orteils.
Aujourd’hui, si vous le voulez bien, parlons tomates et voyons une méthode tellement simple qu’elle ne pouvait être qu’italienne : la technique Pomodoro.
Génèse
Cette technique a été inventée dans les années 80 par un étudiant italien, Francesco Cirillo.
En pleine période de révisions, il devait faire face à un emploi du temps très chargé et cherchait un moyen d’optimiser au mieux ses journées. Il a eu l’idée de découper son planning par tranche de 25 minutes indivisibles, entrecoupées de pause de 5 minutes.
Il utilisa ce qu’il avait sous la main : du papier, un crayon et un minuteur en forme de tomate, apparemment très courant en Italie. Une photo de l’objet doit être visible dans les environs de ce paragraphe. Vous la voyez ? « Pomodoro » signifie « tomate ». C’est joli, simple et prononçable en anglais : le gage d’un succès international.
Comme quoi, la vie est bien faite.
En pratique
Concrètement : vous vous installez à votre bureau , vous enclenchez le minuteur d’un geste vigoureux montrant votre détermination et vous repoussez toute tentative d’interruption jusqu’à la sonnerie. C’est tout.
Pourquoi 25 minutes ? Eh bien, l’inventeur de cette technique reste assez vague sur le sujet. Son explication se résume à : « ça semblait bien ».
Il est probable que les scientifiques du futur, lorsqu’ils seront enfin parvenus à démontrer que cela correspond à la capacité de travail optimale du cerveau humain, étiquetteront ça « Gros Coup De Bol Du XXème siècle » avant de classer l’affaire et de s’attaquer au calcul de la date exacte où les robots de Google prendront le pouvoir.
Revenons à Pomodoro. Pour l’avoir pratiquée, il est vrai que 25 minutes est une bonne valeur. Suffisamment longue pour que vous puissiez vous plonger dans votre travail, mais pas trop pour éviter la fatigue qui mène à la distraction. De même, il y a peu de chance qu’une urgence vous tombe dessus dès la première minute ou qu’elle ne puisse patienter moins d’une demi-heure.
Concernant les pauses, 5 minutes peuvent paraître courtes mais cela vous permet de vous lever, de vous détendre, de répondre à cette fameuse urgence que vous avez repoussée, sans pour autant vous sortir de l’état d’esprit où vous vous trouviez. Il vous est alors plus facile de vous replonger sur le même sujet pour une nouvelle tranche de travail.
Une plage de travail, une plage plus courte de pause et vous savez tout ce qu’il y a à savoir. Il y a quelques subtilités supplémentaires mais elles ne sont pas indispensables. Vous les retrouverez surtout dans les applications dédiées : possibilité de compter les séances par sujet, gestion des pauses…
En boutique
Puisque nous parlons des applications – et avec un sens de la transition qui nous vaudra un prix de journalisme, un jour – nous conclurons sur une liste de celles que nous avons testées.
Be Focused (Mac, iOS) : sobre et élégante. Un peu de pub dans la version gratuite sinon coûte 5 euros.
Forest (iOS) : vaut surtout pour l’interface originale. Vous plantez un arbre dont le type et la taille dépendent de la durée choisie. Une fois que vous choisissez de le planter (i.e : que vous lancez la session), l’arbre passe en plein écran. Si vous déverrouillez votre téléphone avant le temps limite, l’arbre meurt. Sinon, il rejoint votre forêt. C’est très efficace avec les enfants. 2 euros.
Gnome shell extension Pomodoro (Linux Fedora) : disponible dans les dépôts officiels, c’est un applet tout simple qui fait son travail. Attention : il obscurcit votre écran pour vous forcer à faire une pause. Et cela arrive souvent lorsque votre chef est en train de regarder par-dessus votre épaule. Gratuit.
Il existe naturellement des programmes pour Windows mais, primo, la qualité est très variable, secundo nous n’avons pas de Windows et tertio vouloir garder sa concentration sous Windows c’est comme se maquiller sur un trampoline : difficile et pour un résultat décevant.
En conclusion
« Et Francesco Cirillo ? Qu’est-il devenu ? », nous demanderez vous alors que nous allions conclure. Il va bien : il a fondé sa société (Cirillo Compagny), vend ses conseils et donne des conférences un peu partout dans le monde.
Les découpe-t’il en tranches de 25 minutes ? Ce n’est pas marqué sur le programme…
Des problèmes ? des questions ? Exprimez-vous ! Les commentaires sont ouverts. Coquilles et fautes de grammaires sont notre lot quotidien : signalez-les nous à m.capello@dbsqware.com
Crédit photo : une tomate normale mais de qualité. Et deux illustrations du film « Return Of The Killer Tomatoes« .